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22/05/2001
Des vrais enjeux de l'effet loft

Par Raphaël Baroni,
Chercheur FNRS, Université de Lausanne - pour le site Loft Scary


Les articles du Monde sont la preuve que de vraies questions commencent à se profiler, et il ne s'agit plus de se demander quel est l'état psychologique des candidats. Ces questions remettent en cause des habitudes dangereuses vis-à-vis des médias, habitudes qui consistent à accepter comme normale une situation que l'on ne cherche plus à comprendre. Or maintenant on commmence (grâce au concours partiel et involontaire de TF1 d'ailleurs) à se demander: qui possède les chaînes privées (grands groupes financiers) ? Quel est le but des actionnaires de ces chaînes (le profit seul, l'audience à tout prix) ? Qui est en mesure de réguler cette course au profit et de maintenir une qualité minimum des programmes (le CSA, les politiques, les chaînes publiques que l'on s'apprète à privatiser) ? Est-ce que les acteurs qui devraient réguler des émissions comme Loft Story prennent leurs responsabilités (les politiques caressent le public dans le sens du poil, le CSA ne règle que des points de détail) ? En ont-ils les moyens légaux, la volonté? Mais surtout: quelle est la place de la dignité humaine dans la logique du profit et la guerre pour l'audience que se livrent les grands groupes financiers qui possèdent l'essentiel du paysage audiovisuel ? Et là, on est déjà presque dans une critique marxiste du PAF... Quel progrès dans le discours des médias par rapport à l'avant Loft Story où les mêmes phénomènes se déroulaient dans l'indifférence générale.

Voilà ce que je pense essentiel de souligner actuellement, le reste étant du décor. Ceci dit, du côté du décor, il y a du nouveau : Aziz est un star qui s'exhibe sur la croisette. Un de mes précédents articles traitait du voyeurisme comme moyen de susciter l'audience en comparant la situation, en l'inversant, avec celle que Barthes décrivait déjà, dans les années soixantes, dans ses Mythologies: le paparazzi pistait ses proies alors que Castaldi n'avait qu'à attendre qu'elles viennent à lui. Le plus drôle aujourd'hui, c'est que Loana fait la une de la presse people dans un rôle de star espionnée ("L'enfant abandonné de Loana, la star du loft"). La boucle est bouclée: l'exhibitionniste vulgaire est devenu une star espionnée à son insu et le voyeurisme descendant est revenu au voyeurisme ascendant traditionnel. La vie est belle... and the show must go on...





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