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10/05/2001 - ANALYSE D'UN DEBAT ET DE VOS CONTRIBUTIONS
Se méfier ou non de l'originalité...

Par Mathias Waelli et Gérald Vidamment

Analyse du débat proposé sur le site et intitulé :
"Le principe même du jeu exclut la possibilité de couples homosexuels. Cela vous donne-t-il matière à réagir ?"

Parmi tous les thèmes de débat proposés, c'est, avec la question sur la sexuation des tâches ménagères, celle qui a suscité les plus vives réactions des internautes. La violence de certains propos (que nous regrettons) ne donne pas raison à Boris, lorsqu'il affirme, dans le forum, que "la préférence pour une personne du même sexe est relativement bien acceptée en France aujourd'hui".

Le thème proposé aura été l'occasion de voir certains internautes (population pourtant déjà considérée comme plus ouverte aux idées nouvelles) exprimer leurs appréhensions face à l'homosexualité. Il semble à ces derniers, en général, évident que le concept de l'émission ne doit en aucun cas leur faire une place. Parmi eux, Ségolène : "je ne comprends pas pourquoi ils seraient représentés, d'autant plus que c'est moralement choquant". La majorité des remarques homophobes (parfois violentes mais nous ne considérons pas utile de les rapporter) ont suscité des réactions offusquées.

Sinon, la question n'a pas toujours été comprise dans le sens escompté. Peut-être n'était-elle pas clairement exposée (mea culpa), mais nous soupçonnons certains de ne pas avoir cherché à la comprendre, aveuglés qu'ils étaient parfois par leurs convictions (parfois pertinentes). A l'image de Paul, rebuté par la question, certains estiment qu'elle retourne la problématique dans l'idée de privilégier une forme de sexualité sur une autre ("Basta la pensée unique suivant laquelle il faut privilégier les homosexuels !") Il s'agissait en fait pour nous de relever que la formule de l'émission imposait tout simplement des normes de conduites amoureuses (un homme et une femme étant choisis à la fin pour partager la maison de leur rêve).

Toutefois, la majorité des réponses désignent le concept comme rétrograde et regrettable. Les propos d'Emilie, dont on soulignera la qualité littéraire, dénoncent la mise au ban de l'homosexualité, "l'homosexualité n'est pas de ce monde démocratique". Elle se demande où se trouve la véritable perversité "si elle rime, pour certains avec l'homosexualité, elle semble bien plutôt être le fait de ces hétéros bien déviants qui prennent plaisir à regarder...", elle regrette "des pratiques perverses qui s'érigent en normalité face à l'homosexualité".

Prolongeant la pensée d'Emilie (que l'on aimerait pouvoir vous proposer sous forme d'article à part entière), Eric, souligne le rôle "hétéro-normalisateur" de M6. La mise à l'écart d'un éventuel couple homosexuel est liée à une perception sexuée des tâches des acteurs de notre société : "les mecs sont là pour "fourrer" les meufs (preuve de leur virilité) et devenir propriétaire. Les filles ont un rôle symétrique adapté (elles sont venues à l'avance préparer les lieux !)."

Les propos de Barthes qu'Eric cite en conclusion résument la pensée d'un grand nombre d'intervenants, et celle à laquelle nous nous rattachons : "je me méfie de 'l'originalité', c'est souvent la dissimulation de la conformité" !





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